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Comment le breathwork est outil de guérison et d’inspiration littéraire

Défi 101 jours – Jour 27

Burn out. Dépression. Fatigue chronique. Anxiété rampante. On les appelle différemment, mais leur langage est le même : le corps vidé, la tête embrouillée, la sensation d’être débranché du monde, et de soi. Plus rien ne circule. Les pensées tournent en boucle, l’énergie s’épuise à essayer de « fonctionner ». Pour te lever, tu as besoin d’une grue, tu traverses les journées dans une sorte de brouillard mécanique. Le moindre geste devient effort. Le plaisir n’est plus ce qu’il était. Tout est trop. Ou plus rien n’est assez.

Quand tout s’arrête, commence par respirer

C’est le court-circuit. On dit en général « péter un câble », ou un plomb ou une durite. Quelque chose s’est débranché, quelqu’un a éteint la lumière. Quelque chose s’est déconnecté dans le présent, dans notre corps. On a perdu le souffle, ce va-et-vient de l’air dont on n’a même plus conscience.

Et si la première clé pour se retrouver n’était pas un médicament, un miracle ou une nouvelle injonction à « aller mieux »… mais quelque chose de plus simple, de plus intime, de plus fondamental ? Le souffle.

Oui, littéralement. Respirer. Conscientiser l’air qui entre. Apprivoiser l’espace intérieur qu’il traverse avec le breathwork (travail sur le souffle), une pratique ancienne et pourtant terriblement actuelle, qui agit comme un pont entre le corps figé et l’élan de vie qui cherche à revenir.

Le breathwork : une porte d’entrée vers la reconnexion

Il ne s’agit pas simplement de « prendre une grande inspiration » comme le disent les gens quand ils n’ont aucune solution (mais c’est est déjà une). Il s’agit d’un acte volontaire, d’un retour au souffle conscient, guidé, structuré. Et cet acte apparemment banal peut devenir un levier de transformation puissant.

Le breathwork agit d’abord sur ce qui est souvent en détresse silencieuse : le système nerveux autonome. Il permet de réactiver le nerf vague, de réguler le stress chronique, de libérer les tensions somatiques qui s’accumulent dans le corps comme des nœuds invisibles. On parle ici de respirations circulaires, profondes, connectées, qui viennent court-circuiter le pilote automatique.

Mais plus encore qu’un outil physiologique, le breathwork ouvre un espace. Il invite à ressentir à nouveau, parfois pour la première fois depuis des mois. Il dégage des émotions enfouies, fait remonter des souvenirs, déclenche des visions, libère des larmes. Et tout cela sans avoir besoin de mettre des mots immédiats dessus. C’est une langue avant le langage.

Pratiqué avec régularité, seul, en groupe, ou guidé par un professionnel, il devient une porte vers la reconnexion. Avec son corps, ses sensations ou une forme de présence à soi qu’aucun écran, aucun médicament, aucune injonction sociale ne peut fabriquer.

Dans cet espace reconquis, à nouveau habité, une chose extraordinaire peut surgir : l’élan créatif. Car quand on recommence à respirer pleinement, on recommence aussi à imaginer. À rêver. À écrire. Le souffle libère, et il inspire, au sens propre comme au sens poétique.

La fiction thérapeutique : poser les mots sur le souffle

Ce que le breathwork éveille, l’écriture peut le traduire. Une fois la respiration redevenue fluide, quelque chose circule à nouveau : émotions, sensations, images. Ce sont des fragments de soi qui remontent à la surface, parfois bruts, confus, débordants. Et pour ne pas les laisser s’évanouir, ou pour ne pas en être submergé, on peut choisir de poser des mots. Non pour les comprendre tout de suite, mais pour les contenir. Leur donner forme, souffle après souffle.

C’est là que l’écriture thérapeutique entre en scène. Pas comme une performance littéraire, ni comme une confession destinée à être partagée, mais comme un rituel d’ancrage. On écrit pour fixer une trace. Pour ne pas oublier ce qu’on vient de traverser intérieurement. Pour donner un contour à ce qui, sinon, resterait vague et volatile.

Il ne s’agit pas ici d’un journal intime traditionnel même si cela peut y ressembler. Il ne s’agit pas non plus d’aligner de belles phrases. Il s’agit de laisser couler l’encre comme on laisse circuler l’air. Il s’agit de laisser parler une partie de soi que l’on n’écoute jamais. Parfois, c’est moche. Parfois, c’est lumineux. Et c’est toujours vivant.

Mieux encore, tu peux la transformer en fiction.

Quand l’émotion est trop forte, trop intime, ou trop difficile à formuler, tu la confies à un personnage. Tu changes les noms. Tu inventes une scène. Tu déplaces ta douleur dans un autre décor. Et tout à coup, tu deviens l’auteur d’un monde, et plus seulement le témoin de ta douleur.

Écrire pour transformer

Parfois la fiction soigne plus que le journal. Oui je sais, je l’ai déjà dit. J’y crois dur comme fer. L’idée que pour se réparer, il faudrait « raconter sa vérité brute », coucher ses souvenirs comme on vide un sac, page après page, dans un journal intime, est tenace. Parfois, cela suffit. Mais souvent, ce n’est pas assez parce que la douleur est trop vive ou que l’histoire personnelle tourne en boucle. Ou parce qu’on n’a pas envie d’être enfermé à jamais dans le rôle du survivant.

Écrire de la fiction, c’est dire : je ne suis pas que ce qui m’est arrivé. Je suis aussi celui qui raconte, celui qui choisit le cadre, la voix, la fin. C’est sortir du piège de l’auto-analyse infinie, du journal qui ressasse, pour ouvrir un espace de création libre. Là où le journal intime dit souvent voilà ce que je ressens, la fiction dit voilà ce que je peux imaginer à partir de là. Et cette imagination, c’est déjà de la liberté retrouvée.

C’est une manière d’externaliser sans s’exposer. De dire l’indicible sous le masque d’un personnage. D’aller plus loin dans l’exploration de soi parce qu’on a retiré la pression de la vérité. La fiction devient un laboratoire de soi : on y teste des émotions, des réactions, des issues alternatives. Et parfois, ce qu’on écrit finit par éclairer ce qu’on vit.

Étrangement, ou peut-être logiquement, cette distance fictive rapproche. On accède à une forme d’honnêteté qu’on n’osait pas dans le réel. Et en créant cette « autre vérité », on offre à la nôtre un terrain fertile pour évoluer.

Quand la fiction devient solution

Il y a quelque temps, je me suis retrouvée dans le même état que mon personnage. Ou plutôt, j’ai décidé de lui faire vivre ça puisque j’étais au fond du trou. Je me suis demandé quel micro-mouvement pouvait se créer sans épuiser celui qui l’est déjà. Et donc, ce qui m’est venu, c’est ça : une inspiration, celle du corps et celle de la créativité. À coup de petites respirations, peu à peu amplifiées, la sérénité s’est installée. Ça a donné ce texte-là :

« Quand finalement quelque chose de la vie revint en lui, comme un tremblement de sève dans une racine profonde aux derniers jours de février, il parvint à sortir de chez lui, se trainer dans un métro pour se laisser emporter vers la campagne dans la ville. Hampstead Heath, c’était déjà ambitieux pour un jour de toute petite renaissance. Il se lançait dans l’aventure de reprendre vie sans rien, juste son Oyster card. Et son appareil photo. Réflexe d’artiste. Mais sans aucune intention de s’en servir.

Au sortir du métro, un pied devant l’autre pour enfin arriver là dans l’herbe. Se coucher. Les yeux fermés. Ne rien faire, ne rien penser. Sentir, respirer. Respirer un peu plus, sans forcer. Laisser entrer l’air, en évitant toute contraction. Il se rendait compte que souvent, il mettait des obstacles, sans le vouloir. Son nez se contractait, ses cloisons nasales se rapprochaient. L’air passait difficilement. Les atomes se bousculaient. L’embouteillage prenait de l’ampleur.

Sans savoir comment, il lâcha la contraction et dans l’euphorie, la bande d’atomes se précipita, jusque dans son cerveau, ses cellules, dans les moindres recoins de son organisme. L’air frais à l’entrée de son nez en ressortait réchauffée de la vie qui courait en lui bien malgré lui. Il était vivant. Vraiment ? Son corps existait, fonctionnait. Plonger dans les abysses du rien ne l’avait pas anéanti. Il y avait quelque chose de miraculeux dans la volonté de ce corps à se maintenir parmi les vivants. Il fonctionnait. Mais ça ne suffisait pas à vivre véritablement.

Et pendant ce temps, l’oxygène envahissait avec enthousiasme son nez, ses poumons, son sang. L’enthousiasme des atomes tout doucement le grisait. Il était comme le premier homme à qui le grand créateur donnait vie, comme par caprice, pour voir ce que ça faisait de créer une petite chose vivante, merveille de la technologie divine. Pour la beauté du geste, il lui donna la conscience et la liberté de savoir et de choisir.

Tout ça se déroulait intuitivement dans les méandres de la conscience du jeune homme allongé, dans un vallon printanier au cœur d’une métropole. Le dormeur de ce val reprenait vie à micro-dose, une cellule à la fois. Loin de la férocité des réseaux, de la lutte pour se mettre en avant, une respiration à la fois. Une respiration qui embrassait le microcosme des atomes qui se précipitaient dans ses 300 millions d’alvéoles pulmonaires. L’infiniment grand de l’infiniment petit.

Il resta là un long moment, les yeux fermés à capter les échanges de la machinerie. Quand il ne pensait plus à rien, quand il se laissait envahir par la vie, quelque chose de l’ordre de la sérénité s’installait en lui. »

Tout n’est pas encore gagné, mais j’ai encore des idées pour faire vivre à mon personnage une remontada, et qu’il retrouve toute sa vitalité sans forcer. C’est ça tout l’intérêt de la fiction, c’est de sentir pour un autre, qui est un peu soi-même, ce qui ferait du bien, avec un peu de volonté, mais sans tirer sur la corde. Les solutions que je trouverai pour lui, je les appliquerai à moi-même.

En attendant, je continue à raconter des histoires, qui me dévoilent toujours plus de petites facettes de moi-même. Je vous invite aussi à tester comment la respiration peut vous inspirer avec cette pratique.

Mini-méthode : Comment démarrer une fiction après une séance de breathwork

Le souffle a ouvert un espace. L’émotion a circulé. Tu sens que quelque chose s’est déplacé… et maintenant ? Plutôt que de le laisser s’évaporer dans l’éther, pourquoi ne pas le fixer dans une fiction ? Voici comment faire :

1. Revenir doucement à soi

Juste après la séance de breathwork, qui ne doit pas être longue ni spécialisée. Des respirations profondes pendant quelques minutes sont déjà très efficaces. Ne te précipite pas. Reste encore quelques minutes allongé(e) ou assis(e), les yeux mi-clos, à écouter ce qui est là : des images ? des sensations corporelles ? une émotion dominante ? Note simplement un mot ou deux, sans chercher à les analyser.

2. Faire un « brouillon de rêve »

Prends une feuille ou un carnet (évite l’écran si possible, au moins au début). Écris sans réfléchir pendant 5 à 10 minutes, ce que tu ressens, vois, imagines. Ne cherche pas une histoire. Cherche une matière. Laisse venir un lieu, une couleur, une phrase.

3. Créer un personnage-relais

À partir de ce flot, fais naître un personnage. Il peut être très flou au départ. Juste une silhouette, un prénom, une attitude. Pose-toi la question : et si ce que je ressens en ce moment appartenait à quelqu’un d’autre ? À lui ? À elle ? Ce transfert, c’est la magie de la fiction.

4. Lancer une scène

Imagine ce personnage dans une situation concrète. Rien de grandiose : il/elle entre dans une pièce, regarde par une fenêtre, traverse un parc… Fais-lui vivre une première action. Une scène minimale, qui contient déjà l’énergie que tu as ressentie dans le breathwork.

5. Reviens à toi, relis

Le lendemain, ou quelques heures plus tard, relis cette scène. Ce n’est peut-être pas « beau ». Ce n’est pas le but. Ce qui compte, c’est : est-ce que je me sens un peu plus en contact avec moi-même ? Est-ce que j’ai déplacé quelque chose ? Est-ce que j’ai respiré autrement à travers cette fiction ?

Ce processus peut être répété, modulé, intégré dans une routine hebdomadaire. Il ne vise pas à faire de toi un écrivain célèbre (et pourquoi pas ?), mais un narrateur actif de votre propre transformation.

Respirer, écrire, se transformer

Il y a mille façons de traverser un burn out, une dépression, un effondrement intérieur. Mais toutes ne demandent pas des pilules, des discours, ou des solutions toutes faites. Parfois, il suffit de revenir au souffle. De ralentir. De respirer différemment. Et de laisser ce souffle réorganiser ce qui, en nous, était en vrac.

Le breathwork est plus qu’un outil de relaxation. C’est un rituel de reconnexion. Et lorsqu’il est prolongé par l’écriture thérapeutique, ou mieux encore par la fiction, il devient un moyen de reprendre possession de sa narration intérieure. De passer de « je subis » à « je raconte ». De faire de sa vulnérabilité un point d’appui créatif.

Alors si tu es à la recherche de pratiques profondes, accessibles, et transformatrices pour sortir du burn out, pour te reconnecter à toi-même, pour retrouver le goût d’écrire autrement : commence par là. Inspire. Expire. Prends un stylo.

Et laisse la fiction faire le reste.

Et toi, c’est quoi tes trucs pour sortir de l’humeur sombre ?

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Un commentaire

  • Béa🌷

    Merci Caroline pour cet article à la croisée de l’écriture et de l’expérience sensorielle. Je ne connais pas encore le breathwork de l’intérieur, mais ce que tu en dis résonne fort avec ma propre pratique de l’écoute de soi et de la créativité.
    Merci pour cette belle manière de relier souffle, présence et imagination

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