Comment l’histoire familiale écrit à travers nous
- Défi 101 jours – Jour 12
- Sous l’angle des constellations
- Un ordre familial bousculé
- Le poids d’un rejet ancien
- Quand le genre enferme des générations entières
- Le besoin d’appartenir
- Mettre en scène la constellation sur le papier
- Et vous, quelle histoire cherchez-vous à écrire ?
- ✒️ Observer les fantômes de son texte
- ✒️ Écrire un dialogue avec l’absent
- ✒️ Inverser les rôles
- ✒️ Se demander : “Est-ce que j’écris mon histoire ou celle de ma lignée ?”
- ✒️ Faire une constellation… sur papier
- Écrire, c’est consteller
Défi 101 jours – Jour 12
« Julian avait l’art de lui faire sentir qu’elle était petite, trop petite. Alors que lui était grand. C’est vrai, il avait quand même cinq ans de plus qu’elle. Donc le double de son âge quand elle avait cinq ans ! Mais Lucy voulait passer du temps avec son frère, avec Tom aussi, mais tous les deux la renvoyaient à ses poupées. Ça la rendait folle, parce qu’elle ne jouait pas à la poupée. Elle, ce qu’elle aimait, c’était les bagnoles, les soldats, les billes, grimper aux arbres et rentrer le soir le visage gris de boue séchée et de poussière. Et voir sa mère lever les yeux au ciel parce qu’elle avait les cheveux emmêlés, pleins de brindilles de toute sorte et qu’elle avait perdu les nœuds roses qu’elle portait le matin. Lucy n’avait que faire des nœuds roses. Elle n’aimait pas les cheveux longs, elle les aurait bien coupés très courts, comme un garçon, dans l’espoir d’être acceptée par ses frères et leurs copains. Mais sa mère avait été inflexible. Le jour où Lucy s’était coupé une mèche, sa mère avait menacé de la laisser telle quelle pour lui faire honte, alors elle avait accepté un carré qui au moins n’était pas ses longs cheveux jusqu’au milieu du dos, que les garçons pouvaient tirer et qui la gênait pour ramper dans les tuyaux des égouts en construction.
Mais tout ça ne changeait rien au fait que Julian ne voulait pas de sa présence. Lucy faisait tout pour se faire accepter. Elle lui rangeait ses chaussures, elle ne disait que du bien de lui. Elle ne révélait jamais les bêtises qu’il faisait à sa mère. Mais Julian n’en avait cure et répétait à sa sœur qu’elle était trop petite, donc forcément un peu bête. Et c’était une fille, donc faiblarde, geignarde, un peu minable, quoi. Tout ce que Lucy n’était pas.
Avec le temps, elle s’était blindée. Elle souffrait profondément de ce rejet, mais c’est là-dessus qu’elle avait construit son indépendance, sa volonté de ne rien lâcher, sa capacité à tenir tête et à ne pas s’en laisser conter. Tout ce qu’elle était déjà dans son enfance, mais que Julian rejetait si fort qu’elle ne pouvait rien faire contre ça. Parce qu’à cinq ans, elle n’avait que la moitié de son âge. »

Sous l’angle des constellations
Ah, les constellations familiales ! C’est une approche fascinante qui permet d’explorer les dynamiques inconscientes et les loyautés familiales invisibles qui influencent notre comportement et nos émotions.
On croit écrire une simple histoire. Juste des personnages, des conflits, des blessures. Mais parfois, nos mots révèlent des dynamiques plus profondes, des jeux d’ombres et de lumière qui dépassent la simple fiction. Et si ce qu’on racontait nous racontait aussi ?
Prenons Lucy et Julian. À première vue, un frère aîné qui rejette sa petite sœur. Une histoire banale d’enfance. Mais si on regarde avec l’œil des constellations familiales, on perçoit autre chose : un déséquilibre, un héritage invisible, une place qu’on cherche désespérément à occuper.
Un ordre familial bousculé
Dans toute famille, il y a une hiérarchie naturelle. L’aîné est censé protéger le plus jeune, et chacun doit trouver sa juste place. Sauf que là, tout est détraqué.
- Julian ne se contente pas d’être l’aîné, il domine, écrase, exclut.
- Lucy ne reste pas à sa place de « petite », elle cherche à grimper dans la hiérarchie, à prouver qu’elle est à la hauteur.
- La mère, elle, fige Lucy dans un rôle de petite fille modèle, avec ses cheveux longs et ses nœuds roses, alors que tout en elle réclame autre chose.
💬 La question qu’on poserait en constellation : Julian rejette-t-il vraiment Lucy, ou rejette-t-il quelque chose qui ne lui appartient pas ?
Le poids d’un rejet ancien
Dans ces dynamiques, le rejet n’est jamais seulement personnel. Il est souvent hérité. Une exclusion qui s’est jouée bien avant, et qui se rejoue encore, comme une mélodie dont personne ne se souvient mais que tout le monde fredonne malgré lui.
- Qui, avant Lucy, a été rejeté de cette manière ?
- Julian rejoue-t-il une histoire qui ne lui appartient pas, un exil, une mise à l’écart, une douleur ancienne ?
- Lucy incarne-t-elle une femme de la lignée qu’on a voulu faire taire, une sœur oubliée, une tante dont on ne parle jamais ?
💬 En constellation, on pourrait voir que Julian ne repousse pas Lucy en tant que personne, mais qu’il exprime un rejet plus ancien, un fardeau transmis inconsciemment.
Quand le genre enferme des générations entières
Ce n’est pas seulement une lutte entre un frère et une sœur. C’est aussi une lutte contre un rôle imposé.
Lucy ne veut pas des cheveux longs, des nœuds roses, de la douceur imposée. Elle veut grimper aux arbres, courir avec les garçons, exister en dehors de ce qu’on attend d’elle.
Et si ce combat ne lui appartenait pas entièrement ?
- Y a-t-il, dans sa lignée, des femmes qui ont dû taire leur vraie nature ?
- Des femmes qui ont dû se conformer, qui ont été empêchées d’être pleinement elles-mêmes ?
- Lucy est-elle en train d’essayer de réparer quelque chose, de redonner une voix à celles qui n’en avaient pas ?
💬 Dans une constellation, on pourrait voir apparaître une ancêtre qui, comme Lucy, voulait être libre, mais qui a été forcée de rentrer dans le rang. Peut-être que son histoire vit encore à travers elle.
Le besoin d’appartenir
Au fond, qu’est-ce que Lucy cherche ? Être acceptée par son frère. Être reconnue. Trouver sa place.
Un besoin universel. Mais quand ce besoin devient vital, il cache souvent quelque chose de plus profond : une loyauté invisible, un désir de réparer une ancienne exclusion.
- Qui, dans la famille, a été mis de côté ?
- Lucy porte-t-elle la mémoire d’un membre du clan qu’on a rejeté ?
- Pourquoi a-t-elle besoin de prouver qu’elle mérite sa place ?
💬 Et si, dans sa lignée, une femme avait été exclue parce qu’elle ne correspondait pas aux attentes ? Peut-être que Lucy essaie inconsciemment de rétablir une justice oubliée.
Mettre en scène la constellation sur le papier
Si on mettait cette dynamique en constellation familiale, voilà ce qu’on ferait :
- Placer Lucy, Julian et leur mère. Observer où le regard va, où le malaise se pose.
- Voir ce que ressent Julian en face de Lucy. Est-ce vraiment elle qu’il rejette, ou autre chose ?
- Introduire un représentant d’un ancêtre oublié. Sentir si un apaisement se crée.
- Exprimer une phrase réparatrice, comme :
- « Je prends ma place de petite sœur et je te laisse la tienne de grand frère. »
- « Je n’ai plus besoin de prouver que j’existe, je suis légitime telle que je suis. »
Et vous, quelle histoire cherchez-vous à écrire ?
Ce texte n’est pas juste un texte. Il parle d’un ordre familial qui vacille, d’un rejet qui ne vient peut-être pas d’ici, d’une place à retrouver.
Et vous, dans vos propres histoires, dans vos propres mots, qu’est-ce qui cherche à se dire à travers vous ? Quel personnage porte un poids qui dépasse son simple rôle dans l’histoire ?
💬 Si vous regardiez votre écriture comme une constellation, que découvririez-vous sur vous-même ? 😊
Vous pouvez tenter l’expérience avec les propositions ci-dessous :
✒️ Observer les fantômes de son texte
📖 Relire un texte avec un regard constellatif
👉 Posez–vous ces questions :
- Quel personnage semble chercher une place qu’on lui refuse?
- Y a-t-il des relations de rejet, de domination, d’inversion des rôles ?
- Un personnage se sacrifie-t-il pour un autre ?
- Y a-t-il une absence marquante, un personnage dont on ne parle pas mais qui semble hanter l’histoire ?
💡 L’idée ici, c’est que ce qu’on met en scène dans nos textes est parfois une mise en mots de nos loyautés invisibles. Et peut-être même de blessures transgénérationnelles qu’on porte sans s’en rendre compte.
✒️ Écrire un dialogue avec l’absent
📖 Faire parler l’ombre
👉 Prenez un personnage de ton texte et faites-le parler à quelqu’un qui est absent de l’histoire.
- Un frère disparu ?
- Une grand-mère dont on ne parle jamais ?
- Un ancêtre que le personnage n’a jamais connu ?
💡 L’idée ici est d’explorer si une mémoire enfouie cherche à se dire à travers notre écriture. Parfois, un personnage porte un silence familial dont il n’a même pas conscience.
✒️ Inverser les rôles
📖 Changer de place
👉 Réécrivez une scène où un personnage est en position de rejet ou de domination, mais en inversant les rôles.
- Que ressent Julian s’il devient le petit frère qui cherche la reconnaissance de Lucy ?
- Que ressent la mère de Lucy si c’est elle qui se sent exclue par sa fille ?
💡 Ce que ça peut révéler : en constellations familiales, on voit souvent que les coupables sont aussi des victimes et que chacun joue un rôle qu’il ne maîtrise pas forcément. Réécrire sous un autre angle peut révéler ce qu’on ne voulait pas voir.
✒️ Se demander : “Est-ce que j’écris mon histoire ou celle de ma lignée ?”
📖 Identifier les échos personnels
👉 Prenez votre texte et demandez-vous :
- À qui cette histoire pourrait-elle appartenir dans ma famille ?
- Suis-je en train d’exprimer quelque chose que quelqu’un d’autre n’a pas pu dire ?
- Est-ce que j’ai l’impression de rejouer un schéma que je connais, même inconsciemment ?
💡 Ce que ça peut faire émerger : Parfois, notre écriture est un terrain d’expression pour des émotions qui nous traversent sans qu’on les comprenne. Écrire, c’est une forme de constellation intérieure, où les personnages deviennent les représentants de notre histoire familiale.
✒️ Faire une constellation… sur papier
📖 Écrire une mise en scène de constellation
👉 Imaginez que votre histoire est mise en scène dans une vraie constellation familiale.
- Qui sont les personnages ?
- Qui sont les figures invisibles qu’on devrait ajouter à la constellation ?
- Quel personnage est figé dans un rôle et pourrait être déplacé ?
💡 Ce que ça apporte : en visualisant l’histoire comme une constellation, on voit autrement les liens entre les personnages, on découvre des tensions inconscientes et on peut même débloquer une histoire qui nous résistait.
Écrire, c’est consteller
L’écriture et les constellations familiales ont un point commun fondamental : elles révèlent ce qui est caché. Parfois, un texte qu’on croit inventé parle en réalité d’une mémoire familiale qui demande à être entendue.
👉 Alors, qu’avez-vous découvert de vous-même et de vos lignées ? Je suis curieuse de vous lire en commentaires 😊
