Défi 101 jours

Ecrire un roman (ou une nouvelle) pour transmuter la tristesse

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Défi 101 jours – Jour 3

« Sans elle, il n’était pas vraiment complet. Un jour, elle avait cessé d’être là. Il la cherchait partout et personne ne lui disait rien. Ses parents, les yeux rouges et la voix tremblante, lui disait d’être sage et d’aller jouer. Ils ne semblaient plus vraiment vivants. Et lui était seul, tellement seul. Si petit encore et perdu sans sa jumelle. Un vide s’était creusé dans sa petite cage thoracique. Vingt-cinq ans après, il en gardait encore un creux, comme si la perte de sa sœur devait rester marquée jusque dans sa chair.

Il comprenait aussi l’expression du cœur serré. On aurait dit qu’une main le broyait, la main géante de l’homme qui avait étranglé sa petite sœur, lui écrasait le cœur, comme une de ces balles anti-stress qu’on pouvait triturer dans tous les sens pour passer ses nerfs… »

Écrire, un refuge

Mon personnage a vécu le deuil dans sa petite enfance, il l’a complètement occulté. Vingt-cinq ans plus tard, quand finalement il reprend conscience de ce qui s’est passé, il est figé dans la tristesse. Que pourrait-il faire pour sortir de cet état ? Peut-être écrire de la fiction.

Quand la vie bascule, quand les blessures sont trop profondes pour être simplement racontées, l’écriture se révèle un refuge inestimable. Pas forcément sous forme de journal intime ou de mémoires, mais en inventant des histoires, en construisant des personnages, en donnant une structure à ce qui, dans la réalité, semble chaotique.

Loin d’être une simple fuite, écrire de la fiction devient un moyen de reprendre le contrôle, de transformer ce qui nous dépasse en quelque chose de tangible. C’est un processus puissant, une forme de thérapie qui ne dit pas son nom, et pourtant, elle a déjà fait ses preuves.

Écrire pour ne pas sombrer

Il y a mille manières de réagir à une épreuve. Certains parlent, d’autres se murent dans le silence. Et puis il y a ceux qui écrivent. Pas pour revivre la douleur, mais pour la remodeler, lui donner un autre visage, une autre finalité.

Ce phénomène n’a rien d’anecdotique. Des chercheurs comme James Pennebaker ont démontré que la narration aide à guérir, à apaiser l’esprit. Pas en ressassant le passé, mais en construisant un récit cohérent, en changeant de point de vue, en donnant un sens aux événements. C’est exactement ce que fait un romancier : il structure le chaos.

La fiction permet cette prise de distance. Elle offre la possibilité de réécrire le réel à sa manière, avec des éléments de justice, de réparation, ou simplement d’apaisement. Ce n’est pas mentir, c’est transformer. C’est regarder la douleur en face, mais à travers un filtre, un cadre que l’on choisit.

Un exercice de reconstruction

Beaucoup d’auteurs ont, sciemment ou non, pratiqué cette forme d’écriture réparatrice. Charles Dickens, par exemple, a puisé dans sa propre enfance marquée par la pauvreté et l’abandon pour écrire David Copperfield. Marguerite Duras, dans L’Amant,met en scène son adolescence en Indochine et sa relation avec un homme plus âgé. Isabel Allende a transformé une lettre adressée à son grand-père mourant en son premier roman, La maison aux esprits. Dans les plus récents, Delphine de Vigan explore la vie de sa mère et, à travers elle, sa propre histoire familiale dans Rien ne s’oppose à la nuit. Bien d’autres encore ont mis en scène leur propre vie de façon plus ou moins déguisée.

Ce n’est pas une simple catharsis, c’est un véritable travail de création, qui demande de prendre du recul, de poser des choix narratifs, de comprendre des personnages, d’accepter des perspectives différentes. Et dans cet exercice, on apprend à voir autrement sa propre histoire.

Là où les mémoires peuvent enfermer dans une vision figée du passé, la fiction libère. Elle permet de réinterpréter, de réinventer, sans avoir à se confronter directement à la brutalité des faits.

Faut-il être écrivain pour en profiter ?

Pas du tout ! Ce n’est pas réservé aux grands auteurs ou à ceux qui veulent publier. C’est un processus accessible à tous, que l’on ait l’intention de partager ses écrits ou non. L’important, ce n’est pas le résultat, mais l’acte même d’écrire.

Peu importe si le roman, le poème, la nouvelle, finit au fond d’un tiroir, si personne ne le lit jamais. Ce qui compte, c’est qu’il aura existé, qu’il aura permis de mettre des mots sur ce qui, autrement, aurait continué à tourbillonner dans l’esprit. Ce qui compte, c’est qu’il aura transformé un poids en quelque chose de racontable, de compréhensible, et peut-être, d’acceptable.

L’écriture comme pouvoir personnel

Finalement, écrire, c’est reprendre les rênes. C’est choisir comment une histoire doit se terminer, comment elle doit être racontée. C’est décider quels éléments comptent et lesquels peuvent être laissés de côté. C’est apprendre à structurer son propre chaos.

Et ça marche, que l’on écrive un polar, une romance ou une fresque historique. Car au-delà des genres, il y a cette même mécanique : donner forme à ce qui semblait informe. Construire là où tout semblait détruit. Apprendre, doucement, à raconter autrement.

Alors, il n’y a pas besoin d’y croire pour essayer. Il suffit d’écrire, et pour cela, un stylo, un cahier, un clavier… rien de plus. Bon, on s’y met ?

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Un commentaire

  • Gaëlle Dobignard

    Ecrire à toujours été mon exutoire d’émotions
    Généralement, écrire pour poser les mots, les faits, pour raconter, et ne pas avoir à le faire verbalement.
    Quand les mots s’étranglent dans la gorge, c’est souvent plus facile de les poser sur le papier.
    En général, ça va mieux après (niveau émotionnel!)

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